La CREVAJ au 87e Congrès de l’ACFAS à l’Université du Québec en Outaouais

Le 87e congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) s’est tenu du 27 au 31 mai à l’Université du Québec en Outaouais. Le plus important rassemblement du savoir et de la recherche francophone, réunissant des milliers de chercheurs provenant d’une trentaine de pays, a donné lieu à des présentations et à des échanges de haut niveau sur les enjeux actuels.

Le mercredi 29 mai 2019, Martin Goyette, titulaire de la CREVAJ (ENAP – École nationale d’administration publique) et les chercheur.es associé.es Annie Fontaine (Université Laval), Jacinthe Rivard (UdeM – Université de Montréal), Eduardo Gonzalez Castillo (Université d’Ottawa),  Elisabeth Greissler (Université de Montréal) et Naima Bentayeb (Université McGill) ont participé au pannel sur :  la prévention de l’itinérance chez les jeunes : une réflexion collective sur les points tournants, l’avancement des connaissances et les pratiques d’intervention.

 

Martin Goyette (ENAP – École nationale d’administration publique) : Pour réduire l’itinérance des jeunes sortant de placement.

Au Québec, la prise en compte des enjeux relatifs à la préparation à la vie autonome des jeunes placés et au soutien à leur sortie pour l’autonomie s’appuient sur de nombreuses initiatives et programmes des « centres jeunesse » ou en partenariat avec des acteurs de la communauté. Pourtant, les travaux dans ce champ montrent l’enjeu de la rupture abrupte de services à la fin de la prise en charge en protection de la jeunesse et une difficulté de continuité relationnelle et des services. Les recherches montrent aussi à quel point ils sont surreprésentés dans les recensements de jeunes de la rue, dans des populations judiciarisées et à l’aide sociale. En outre, ces jeunes vivent souvent des problèmes de santé mentale. Ces analyses montrent généralement que par rapport aux jeunes du même âge de la population en général, ces groupes de jeunes ont des niveaux de scolarité, des taux d’emploi et des revenus plus faibles. Notre communication prendra appui sur les résultats de la première vague (16-17 ans) de l’étude longitudinale sur le devenir des jeunes placés (EDJeP), un recensement représentatif qui a rencontré 1136 jeunes dans toutes les régions du Québec. À partir de ces résultats, il est possible de réfléchir aux pratiques sociales qui visent le soutien aux transitions à la vie adulte des jeunes placés au Québec en s’appuyant sur un regard longitudinal de l’évolution de ces pratiques depuis 15 ans.

 

Annie Fontaine (Université Laval) : Le travail de rue : une approche globale d’accompagnement social auprès des jeunes en situation ou à risque d’itinérance

Si certains jeunes profitent aujourd’hui de multiples opportunités pour trouver réponse à leurs besoins et aspirations, d’autres s’inscrivent dans un parcours d’intégration sociale plus fragilisé et doivent même parfois emprunter des voies compensatoires ou marginalisées pour faire leur place dans la société. Ainsi, au cours des nombreuses reconfigurations de liens sociaux (famille, amis, amours, loisirs, école, travail, etc.) qu’impliquent l’adolescence et la transition à la vie adulte, plusieurs jeunes connaissent des ruptures relationnelles pouvant mener à des situations de désaffiliation sociale et d’instabilité résidentielle. Or, comme leurs trajectoires sont souvent faites d’allers-retours, de hauts et de bas et d’essais-erreurs, l’intervention commande adaptabilité et souplesse pour accompagner ces jeunes dans leurs aléas quotidiens et existentiels. Faisant écho à cet impératif, le travail de rue constitue une forme d’intervention de proximité dont l’approche globale permet de combiner des visées de prévention et de réduction des risques associés au phénomène de l’itinérance des jeunes. Prenant appui sur un rapport de recherche au sujet de la négociation du sens et des usages des pratiques de travail de rue, cette communication exposera quelques conditions qui participent à l’adéquation de ce mode d’accompagnement social auprès des jeunes en situation d’itinérance et à risque de s’y retrouver.

Eduardo Gonzalez Castillo (Université d’Ottawa),  Elisabeth Greissler (Université de Montréal), Isabelle Morissette (Université du Québec à Montréal), Naima Bentayeb (Université McGill) : La collaboration dans l’intervention communautaire auprès des jeunes en difficultés : risques et défis
Dans cette communication, nous aborderons les pratiques d’intervention communautaire qui s’appuient sur des modèles collaboratifs à l’heure de prendre en charge les jeunes en difficulté avec la loi. Plus particulièrement, nous réfléchirons sur la manière dont le principe de la collaboration peut susciter des défis et de tensions qui, étant apparemment secondaires, risquent d’influencer d’une manière importante les moyens, les buts et l’impact de l’intervention en elle-même. Nous soutenons, en ce sens, que, lorsque mal adaptée et adoptée, l’injonction à la collaboration peut créer une sorte « d’urgence de partenariat » qui, quand elle est mal gérée, met au centre de la mobilisation collective la création du partenariat tout en laissant de côté ou en subordonnant le but explicite de l’intervention : les jeunes en difficulté. Cette communication s’appuiera sur les résultats de différentes recherches, notamment sur une étude participative développée dans la ville de Laval au cours de deux dernières années et concernant l’application locale du modèle Gang reduction program.
Jacinthe Rivard (UdeM – Université de Montréal), Karine Lavoie (Cirque Hors Piste)
L’équipe de Cirque Hors Piste (CHP), un OBNL montréalais dédié au cirque social, offre depuis 1995 des espaces alternatifs et inclusifs de création à des jeunes au parcours de vie marginalisé. Par l’intermédiaire des arts du cirque, CHP propose à ces jeunes des opportunités d’exploiter ce qu’ils ont de plus beau aux plans individuel et collectif, privilégiant l’expression artistique et l’intervention sociale. Ayant fait appel à la recherche pour documenter sa mission de pré-employabilité, CHP signe un travail de co-création entre les arts circassiens et la science où les résultats de la recherche sont matérialisés sous deux formes, toutes deux visant à rejoindre un large public : un ouvrage illustré en version papier et numérique et un court spectacle artistico-pédagogique. Le spectacle met en scène des comédien.ne.s qui se rencontrent peu souvent dans la vie : une chercheure et quatre jeunes participant.e.s. Cette rencontre innovatrice s’adresse à la fois aux émotions et au rationnel de tous les publics. Elle parle d’une pratique de cirque social qui offre aux jeunes diverses occasions de développer des compétences de vie, indispensables, qui arrivent bien en amont de l’univers de l’emploi. Elle parle aussi d’une approche de prévention globale, cohérente et concertée, d’un travail en partenariat avec les acteurs/trices du milieu des jeunes.
 
 

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