Toutes nos félicitations à Marie Dumollard pour l’obtention de son doctorat après avoir défendu avec brio sa thèse!!

La CREVAJ tient à féliciter Marie Dumollard pour la validation de sa thèse de doctorat en administration publique et en science politique, réalisée en cotutelle internationale à l’ENAP (Montréal) et à l’Université de Rennes 1 (Rennes, France). Marie a soutenu sa thèse le 9 décembre 2020 et a obtenu une mention d’excellence pour son travail. Elle avait démarré son parcours doctoral à l’automne 2015, sous la cosupervision de Martin Goyette et Patricia Loncle.

Dans sa thèse intitulée «  Entrer dans l’âge adulte sous contrainte socio-judiciaire. Réception de l’action publique et gouvernementalité dans les parcours des jeunes judiciarisé·e·s au pénal au Québec », Marie s’est intéressée aux interventions déployées en direction des jeunes pris en charge sous la Loi sur le système de justice pénal pour les adolescents (LSJPA) lors de leur transition vers la vie adulte. Le résumé de son travail est présenté ci-dessous. Le manuscrit de sa thèse sera prochainement disponible sur le site Internet de l’ENAP.

Résumé de la thèse :

Pendant leur jeunesse, les jeunes qualifié·e·s de contrevenant·e·s sont confronté·e·s à un double enjeu : d’une part, les défis relatifs à l’entrée dans l’âge adulte, plus complexes dans leur situation que chez leurs pair·e·s non délinquant·e·s ; d’autre part, ceux liés au désistement du crime, socialement attendu pour remplir les normes associées au statut d’adulte. Ces processus individuels non linéaires se déploient sur fond de prises en charge institutionnelles au sein de l’État pénal et de son système de justice juvénile, et/ou par l’État social dans le cadre des politiques sociales de jeunesse pour certains d’entre eux·elles. Aussi, cette thèse s’intéresse-t-elle à cette action publique socio-judiciaire – ou socio-pénale – déployée en direction des jeunes judiciarisé·e·s au pénal. Elle vise justement à mieux comprendre ses modalités d’intervention telles que mises en œuvre auprès de ce public à un moment charnière des parcours de vie. Autrement dit, comment l’action publique socio-judiciaire soutient-elle, ou non, l’entrée dans l’âge adulte des jeunes dit·e·s contrevenant·e·s ?

Bâtie sur une perspective conceptuelle à la croisée du parcours de vie, de la gouvernementalité et de la réception de l’action publique, la recherche privilégie une analyse de l’action publique « par le bas ». Elle interroge à ce titre les jeunes judiciarisé·e·s au pénal qui en sont destinaires et deviennent en ce sens des agent·e·s d’influence de sa mise en oeuvre. À partir d’une méthodologie qualitative et compréhensive, les récits de vie de jeunes hommes et une jeune femme suivi·e·s dans le cadre de mesures pénales effectuées dans la communauté ont ainsi été recueillis.

Les résultats s’articulent autour de quatre grands axes. 1) Les prises en charge institutionnelles passées occupent une place marquante et centrale dans les parcours juvéniles en transition. Plus précisément, l’enfermement et la prédominance de la logique pénale de contrôle au détriment d’une logique sociale, partenariale et intégrée d’accompagnement teintent les expériences qui ponctuent les parcours juvéniles. 2) Un continuum de réception de l’action publique se dessine alors, témoignant de la modulation des formes de l’intervention socio-judiciaire en fonction de deux profils de jeunes et de leur parcours antérieur. 3) Les conséquences positives des interventions socio-judiciaires sont minimisées par leur double caractère paradoxal et contradictoire. 4) Dans ce contexte, les jeunes judiciarisé·e·s dans le système québécois de justice des mineur·e·s adoptent des stratégies ambivalentes, entre conformité et résistance aux changements attendus d’une part, entre sollicitation et mise à distance des soutiens sociaux d’autre part.

Cette thèse contribue finalement à une meilleure compréhension des supports apportés à une catégorie de jeunes généralement considérée à travers la question de la délinquance. Ce faisant, elle nourrit les réflexions sur les hybridations entre État pénal et État social et caractérise les formes de la responsabilisation individuelle qui traversent les interventions socio-judiciaires portées en direction des jeunes judiciarisé·e·s dans le système québécois de justice des mineur·e·s.

Mots-clés : justice des mineur·e·s – transition vers l’âge adulte – réception de l’action publique – gouvernementalité – régulation pénale – accompagnement – jeunes contrevenant·e·s – Québec

 
 

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